De la lutte politique pour l’alternance pacifique à la lutte armée, Soubiane avait-il d’autres choix ?

Publié le par Akhbach

Il y a quelques jours, le journal en ligne Alwihda annonçait, à la surprise générale, que l’ex Ambassadeur du Tchad aux Etats-Unis et au Canada, M. Ahmat Soubiane Hassaballah serait à Khartoum. Hier, le même journal publiait un article indiquant que Soubiane vient de choisir la lutte armée contre le régime d’Idriss Deby.

Cette annonce appelle quelques commentaires :

• Lorsqu’il entrait en dissidence en novembre 2002 contre son ancien compagnon de maquis, Idriss Deby, Soubiane avait alors refusé l’option armée, espérant que celui qui fut aussi un collègue au Lycée National d’Abéché comprendrait qu’il était préférable de se retirer avec élégance pour créer une situation historique par ce qu’il considérait alors comme la possibilité de la première alternance pacifique de l’histoire du Tchad. Il pensait vraiment que son compagnon d’hier saisirait l’opportunité lui offerte de devenir un grand homme d’Etat s’il était assuré de passer le reste de sa vie paisiblement au Tchad. Apparemment, Soubiane n’avait pas bien jugé son compagnon qui veut rejoindre les autres chefs d’Etat d’Afrique centrale au pouvoir jusqu’à la mort !
• Indiscutablement, le pacifisme ne pouvait mener nulle part avec quelqu’un qui a grandi dans la culture de la violence. Soubiane vient donc de tirer la conclusion par lui-même en reprenant le chemin que lui et Idriss Deby, Gam, Maldom, Djibrine Dassert, Nadjita avaient emprunté en 1990 quand ils vinrent apporter ce qu’ils pensaient être la démocratie au Tchad. Déçu de la machination politique et de la manipulation constante, de l’humiliation, il dut prendre ses distances et maintenant le maquis.

Toutefois, le constat de saturation du maquis tchadien, avec des innombrables organisations politico-militaires plus ou moins sérieuses, amène à se poser la question de savoir si Soubiane pourra faire la différence. Comme tous les observateurs le reconnaissent, tant que les organisations politico-militaires ne seront pas rassemblées politiquement et militairement, leurs actions sporadiques seront vaines et Idriss Deby continuera à dilapider les ressources nationales en achats d’armes pour perpétuer son pouvoir de malfaisance.

Il est à espérer qu’ayant réussi auparavant à mettre en place la Coalition pour la Défense des Droits Constitutionnels avec de nombreuses organisations politiques, Soubiane mette ses talents de négociateur au service du rassemblement de l’opposition armée pour le changement qualitatif que les tchadiens, dans leur ensemble, souhaitent et attendent.

Une coalition politico-militaire structurée, organisée, disciplinée et ayant pour seul objectif la conjugaison des efforts pour apporter une vision nouvelle de la gestion politique au Tchad remporterait toutes les victoires car elle aurait la bénédiction de l’ensemble du peuple tchadien.

Ce que les tchadiens attendent, en effet, c’est une coalition politico-militaire soutenue par une base politique solide qui, une fois l’objectif atteint, ne mettra pas en place une autre dictature des libérateurs mais une transition qui remette de l’ordre et organise des élections libres et transparentes auxquelles les dirigeants de la transition ne prendront pas part. Plus spécifiquement, il s’agira d’avoir une coalition politico-militaire qui soit capable de mettre en place des institutions administratives et politiques fonctionnelles qui redonnent à l’Etat tchadien ses lettres de noblesse ! La CDDC qui était un cadre de concertation politique devrait pouvoir servir de soubassement à une coalition politico-militaire. Il est à espérer que les organisations politico-militaires sur le terrain comprendront la nécessité impérative d’une telle coalition.

Mahmoud Seid

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